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The Lost City of Z ou le rêve de l'absolu

Dans la société esclavagiste du début du XXe siècle, un brillant explorateur se lance en quête d'une incroyable cité légendaire au cœur de l'Amazonie. Grâce à ce film original qui alterne entre voyages dangereux dans une forêt aussi hostile que fascinante, vie familiale en Angleterre et guerre dans les tranchées, James Gray réinvente le film d'aventure. Le mérite de ce film est la pluralité des thèmes qu'il met en scène, qu'ils soient philosophiques, sociaux, historiques ou scientifiques. La confrontation entre l'objectivité scientifique et historique et l'humanité pure frappe en plein dans le mille. Loyauté, amour, compassion, courage, dignité, fiabilité et détermination sont autant d'aspects que le film remet en question. Au milieu de ce paysage de sentiments, un roc, Percival Harrison Fawcett déterminé à trouver ce trésor caché, ne baisse jamais les bras ni ne faiblit. Quelle est cette cité tant recherchée, qui remet en question la chronologie de l'apparition des civilisations et la supériorité de la race blanche ? Cette quête de l'au-delà prend rapidement des aspects existentiels, pour s'achever dans un magnifique mirage ontologique, non sans rappeler l'apothéose d'Apocalypse Now.


Charlie Hunnam, très efficace dans ce rôle héroïque incarne un homme tourné vers l'absolu, vers un paradis perdu, une réalité insaisissable mais obsédante qui hante ses pensées. L'aspect historique du film ancre l'intrigue dans le réel, entre découverte archéologiques, déclenchement de la première guerre mondiale, enjeux commerciaux et politique (notamment avec le Baron de Gondoriz), importance des titres et de la reconnaissance publique. James Grey exploite à merveille cette histoire vraie, pour en faire une fable métaphysique dépaysante. Face à l'homme émerveillé se trouve la forêt, ce lieu magnétique qui attire tour à tour les personnages du film : sa femme, d'abord par désespoir, veut l'accompagner, son fils, qui semble prédestiné à cette expédition, sa loyale équipe qui le suit sans relâche, ou enfin le détestable James Murray en quête de gloire. Dotée d'une incroyable puissance d'attraction, Z exalte l'universalité du désir d'absolu. Au terme de ce voyage éreintant se trouve la lassitude, la folie ou bien la paix intérieure d'avoir poursuivi ce qu'aucun autre n'aurait pu faire, et de s'en être rapproché.


Rythmé par un poème de Browning et de Kipling, la nécessité d'un tel voyage philosophique et de la découverte de l'inconnu ne fait pas de doute, invitant à rêver un absolu insaisissable : "Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre, sinon à quoi le ciel servirait-il", ou encore l'exhortation : "Quelque chose est caché. va le trouver. Perdu et n'attendant que toi. Va". Fascinant voyage aux portes de l'invisible, qui repense le film d'aventure hollywoodien.


Charlie Hunnam semble à première vue incarner le héros hollywoodien par excellence. Entre père et mari aimant, ouvert d'esprit, explorateur de génie plein de patience et courageux soldat, un seul obstacle se dresse face à cet idéal : une forêt dangereuse renfermant une cité d'or tant fantasmée.


Photo ajoutée le 06 janvier 2017 |Copyright StudioCanal / Aidan Monaghan

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