"Petit pays", une adaptation réussie
- Margot Simmen
- 7 oct. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 janv. 2021
Je suis récemment allée voir le film d'Eric Barbier, "Petit pays", directement tiré du roman éponyme de Gaël Faye, un écrivain franco-rwandais. Celui-ci traite du climat politique et social du Burundi et du Rwanda dans les années 90, avant, pendant et après le génocide, du point de vue d'un enfant, Gabriel, fils d'un expatrié français et d'une exilé rwandaise.
Dans le livre comme dans le film, ce n'est pas l'explication d'un tel massacre de masse qui prime mais plutôt la mise en scène sociale et politique de la montée des tensions entre Hutus et Tutsis à travers les frontières. Les différents personnages, qui ont des convictions et des origines différentes, relatent bien cette hétérogénéité d'une société tragiquement fracturée en deux groupes. Le film nous dépeint une vision dramatique d'une enfance innocente, imparfaite mais joyeuse et conviviale qui est réduite à néant. Par le biais du regard extérieur et spectateur, presque passif, de Gabriel, qui assiste à plusieurs conflits de différentes échelles, d'abord entre ses parents, entre ses amis et les Hutus, et plus généralement entre les populations, nous sommes livrés à une dégénérescence de la société, qui finit tout de même, à certains moments, par s'inscrire dans une quotidienneté effrayante, jusqu'au génocide lui-même. Entre les jours de massacres réguliers et connus de tous au Burundi, les bruits d'explosion et d'armes à feu la nuit, le récit de Gabriel est emprunt par des habitudes aussi terribles qu'inévitables. Ce film questionne bien la notion de patriotisme, l'idée d'un sentiment d'appartenance qui va jusqu'à attiser la haine, face à une neutralité et ingénuité de l'enfance qui est menacée. On voit bien dans le film que l'antagonisme Hutus et Tutsis apparaît comme absurde et fragile, car leur opposition est seulement définie par leurs traits physiques. Le film reste très fidèle au livre, témoignage personnel mais aussi universellement humain du génocide des Tutsi.
Choquant et bouleversant par ces récits traumatisants et ses personnages impuissants, "Petit pays" est une adaptation réussie que je conseille de voir, surtout sur ce sujet peu évoqué et représenté au cinéma.

Une bande d'enfants face à l'horreur inimaginable du génocide
Petit Pays
Photo ajoutée le 30 janvier 2020 | Copyright Eric Jehelmann
Film Petit Pays
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